collections du musée des beaux-arts de dijon
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La Planète
Dessin
1853 / 1855
Auteur : Hugo, VictorVictor HugoDessin au lavis d'encre de Chine avec empreinte circulaire sur papier
Besançon , 1802 - Paris , 1885
Ecole Française Figure majeure du romantisme littéraire du XIXe siècle français, Victor Hugo fut tout à la fois dramaturge, poète, romancier, homme politique et académicien.
Puisant son inspiration dans les faits de société, l'histoire, la religion, l'épopée ou les forces de la nature, il inaugure le premier le genre du drame romantique. Auteur engagé pour lequel la vérité est un des principes fondamentaux, Victor Hugo met ses romans au service de débats et d'idées, dénonce la ségrégation sociale, la peine de mort ou le travail des enfants, oppose une démocratie libérale au gouvernement de Napoléon III et connaît, en conséquence, l'exil pendant vingt ans. C'est durant cette période dernière d'isolement qu'Hugo s'ouvre véritablement à ses recherches graphiques. Libéré de toutes contraintes, il multiplie les découpages, collages et compositions tachistes fantastiques et se joue de la perspective, des volumes et des contrastes noirs et blancs. Afin d'illustrer ses écrits, il exécute lui-même de petits lavis dont l'encre mélangée au café, au charbon ou à la suie dessine dans des camaïeux de bruns des silhouettes fantomatiques de paysages, villes ou châteaux.
Hauteur : 28,5 cm ; Largeur : 44,5 cm
Inv. DG 624 Ce dessin, conservé dans la famille Hugo jusqu'en 1962, a été exécuté pendant l'exil de Victor Hugo dans les îles anglo-normandes. Situé par Pierre Georgel (1971) vers 1853-1855, il fait partie d'une série qui a pour thème un disque (le soleil, une planète) jeté dans l'encre noire (les ténèbres, le cosmos). L'interprétation reste difficile : oeuvre méditée ou simple expérience technique ? Il n'y a plus rien de commun avec les oeuvres de la période précédente. C'est le moment, note Pierre Georgel, où "le dessin devient un espace liquide, indéfini, où la rêverie suscite et anéantit des linéaments de formes [...] Le graphisme s'abolit au profit de la tache, pure recherche de valeurs, de matière, coulée hasardeuse d'où l'imagination analogique dégage des formes imprécises".
De semblables pages ont pu faire parler de "tachisme". Victor Hugo, exploitant un hasard à peine contrôlé et jouant de la fluidité de l'encre de Chine, improvise, superpose, frotte, essaye, imprime un disque et crée, sans parti-pris, une oeuvre d'où toute narration est exclue, abstraite en quelque sorte, "informelle" si l'on veut, et dans laquelle l'"inspiration" a eu la plus grande part. Pierre Georgel a rapproché avec justesse cette rêverie cosmique des premiers vers de "La Fin de Satan" (texte de mars 1854) : "[...]
Le soleil était là qui mourait dans l'abîme.
L'astre, au fond du brouillard, sans air qui le ranime,
Se refroidissait, morne et lentement détruit.
On voyait sa rondeur sinistre dans la nuit ;
Et l'on voyait décroître, en ce silence sombre,
Les ulcères de feu sous une lêpre d'ombre.[...]
L'astre était presque noir[...]"
(Notice de Serge Lemoine extraite de l'ouvrage "Musée des Beaux-Arts de Dijon : Donation Granville : catalogue des peintures, dessins, estampes et sculptures, tome 1 : oeuvres réalisées avant 1900", Ville de Dijon, 1976) Historique : Collection Georges Hugo ; Collection Valentine Hugo ; Collection Pierre et Kathleen Granville
Donation Pierre et Kathleen Granville, 1969 Inscriptions / marques :Bibliographie :inscription au dos du cadre : "Je certifie que ce dessin de Victor Hugo qui appartint à la famille Hugo semble avoir été fait à la même époque que "Planète", dessin appartenant à Valentine Hugo.
Le dessin "Planète" fut exposé à la Bibliothèque Nationale en juin 1952 ; n° 479 du catalogue : "Planète". Dessin de V. Hugo. lavis 310 X 372 mm.
"Peut-être illustration pour la "Découverte du Titan" (Légende des siècles, nouvelle série, 1877, IV, Entre géants et dieux)
...Il finit par distinguer, au fond de ce gouffre, où le jour avec la nuit se fond à travers l’épaisseur d’un (sic) brume éternelle Dans (sic) on ne sait quelle ombre, énorme, une prunelle...
La même idée se retrouve dans : Post scriptum de ma vie. Choses de l’infini, II :
...Il y a des lumières dans la nuit, qu’est-ce que ces lumières font là ? Elles disent l’indicible. Elles illuminent l’invisible. Elles éclairent, car elles ressemblent à des flambeaux ; elles regardent, car elles ressemblent à des prunelles...»
Mais la tache qui devient monde dans l’espace avec « Planète » est ici une empreinte secrète et souterraine dans la terre ou sur la roche.
Valentine Hugo 24 juin 1963"Exposition :Georgel (Pierre), "Dessins de Victor Hugo dans les collections publiques françaises", la Revue du Louvre et des musées de France, n°4-5, 1971, p. 260, reprod. p. 259, n° 14
Lemoine (Serge), Musée des Beaux-Arts de Dijon : Donation Granville : catalogue des peintures, dessins, estampes et sculptures, tome 1 : oeuvres réalisées avant 1900, Ville de Dijon, 1976, n°147, reprod.
L'Art des collections : Bicentenaire du Musée des Beaux-Arts de Dijon, Dijon : Musée des Beaux-Arts, (16 juin - 9 octobre 2000), Imprimerie Nationale, 2000, p.373 fig.5
Azoulay (Gérard) sous la dir. de, L'Espace habité, Observatoire de l'Espace/CNES, 2008, p. 59, reprod. coul.
© photo François JayDessins de Victor Hugo, Villequier : Musée Victor Hugo, Paris : Maison de Victor Hugo, 1971-1972 , n°58
Soleil d'encre : manuscrits et dessins de Victor Hugo, Paris : Petit Palais, 3 octobre 1985 - 5 janvier 1986 , n° 6, reprod. p. 43
Victor Hugo 1802 - 1885 : Phantasien in Tusche, Zurich : Kunsthaus, 5 juin - 23 août 1987 , n° 15, reprod. p. 28
Wunder Block : Eine Geschichte der modernen Seele, Vienne : Historischen Museum der Stadt, 27 avril - 6 août 1989
Le Sentiment de la nature dans l'art occidental, Tokyo : Musée Tobu, Himeji : Musée Municipal d'Art, Ibaraki : Musée d'Art Moderne, Kagoshima : Musée Municipal d'Art, 1993 , n° 110 p. 155, reprod.
Shadows of a hand : the Drawings of victor Hugo, New York : The Drawning center, 1998 , n° 96, reprod.
Aubes : rêveries au bord de Victor Hugo (Harald Szeemann et Danielle Molinari, catalogue), Paris : Maison de Victor Hugo, 11 octobre 2002 - 19 janvier 2003 , n°58 p.34 reprod.
Passeurs d'art : Hommage à Pierre et Kathleen Granville donateurs du musée des Beaux-Arts de Dijon, Dijon : Musée des Beaux-Arts, 18 novembre 2006 - 29 janvier 2007 , fig. 22 p. 36
L'Europe des esprits ou la fascination de l'occulte. 1750-1950, Strasbourg : Musée d'Art Moderne et Contemporain (8 octobre 2011 - 12 février 2011), Berne : Zentrum Paul Klee (31 mars - 15 juillet 2012) , reprod. p. 130, p. 404
Les Tremblements du monde, Metz : Centre Pompidou, 11 février - 5 septembre 2016 , p. 64, repr.