collections du musée des beaux-arts de dijon
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Quatre hommes portant une poutre : un cheval
Dessin
vers 1816 / 1817
Auteur : Géricault, ThéodoreThéodore GéricaultPlume et lavis d'encre brune sur papier calque contrecollé
Rouen , 1791 - Paris , 1824
Ecole Française Théodore Géricault commence sa formation de peintre à l'âge de dix-sept ans dans l'atelier de Carle Vernet (1758-1836) pour entrer deux ans plus tard dans celui de Pierre-Narcisse Guérin (1774-1833). D'un tempérament rebelle, il s'oppose vite à l'esprit classique enseigné. Ayant échoué au Prix de Rome, il fait à ses frais, en 1816, le traditionnel voyage dans la Ville Eternelle et recopie Michel-Ange (1475-1564), qui le fascine, et les maîtres anciens qu'il y découvre d'une façon très personnelle, signe déjà de son indépendance. Suivant les exigences de la vérité, Géricault puise son inspiration dans les faits contemporains et s'engage, avec la précision d'un anatomiste, dans la question de l'esclavage ou du scandale du naufrage de la Méduse qui donnera naissance, en 1819, à son oeuvre la plus fameuse et pour l'exactitude de laquelle il s'est appuyé sur l'observation directe de cadavres en décomposition. Un séjour de dix-huit mois en Angleterre et sa confrontation aux peintres d'Outre-Manche et de Constable en particulier, accentuent plus encore l'éveil de son objectivité face à ce qui l'entoure.
La composition, la couleur et la facture nerveuse du maître, inspirées de Pierre-Paul Rubens (1577-1640), Caravage (1570/71-1610), Diego Vélasquez (1599-1660), Rembrandt (1606-1669) ou Antoon Van Dyck (1599-1641) dont il fait de nombreuses copies, sont au service d'un romantisme naissant où s'exprime de façon spectaculaire la puissance de mouvement des chevaux ou la tension d'un drame.
Hauteur : 12 cm ; Largeur : 16,7 cm
Inv. DG 700 Ce dessin de Théodore Géricault représente quatre hommes nus portant une poutre avec à l'arrière-plan à gauche une étude très stylisée de cheval se cabrant. Un cheval identique, au crayon, renversé et coupé par le bord de la feuille, se distingue à droite. Pierre Granville a pu mettre ce dessin en relation avec les études que Géricault a exécutées en 1818 pour illustrer l'affaire Fualdès. L'assassinat de cet ancien magistrat de Rodez, dont le cadavre avait été retrouvé dans les eaux de l'Aveyron le 20 mars 1817, avait passionné l'opinion française de l'époque et suscité l'intérêt de Géricault qui manifestait déjà, avant le "Radeau de la Méduse", son attirance pour les faits divers de son temps. Son projet de consacrer à l'événement une grande composition n'aboutit pas et seuls quelques dessins préparatoires traités dans le style antique en conservent le témoignage.
Ce dessin doit en fait précéder la série et se situer après le "Cuirassier blessé", c'est-à-dire vers 1816-1817, peu après que l'artiste ait commencé à dessiner et composer dans une manière classicisante. Ce fut également l'avis de Lorenz Eitner (1971) : "vers 1816". Ce dessin, sans autre sujet qu'une étude d'anatomie et une recherche de mouvement, pourrait constituer l'un de ces exercices où Géricault a cherché à exprimer toutes les attitudes du corps humain. On peut rapprocher cette feuille d'un dessin conservé dans une collection privée à Toronto "Assassinat dans un bateau (Meurtre de Pompée ?"), de dimensions presque analogues, où se retrouvent le même graphisme, un jeu de hachures et des ombres au lavis identiques. Lorenz Eitner (1971) a rapproché cette feuille d'un dessin qui en semble une variante et figurait au verso d'un billet autographe non daté (vente Paris, Maison Charavay en octobre 1970, p. 26, n° 33896). Dans ce dessin, la brutalité expressive des formes, la simplification décisive des silhouettes pour mieux exprimer l'effort et la tension, enfin la cadence des figures, expriment déjà l'art tout entier de Géricault.
(Notice de Serge Lemoine extraite de l'ouvrage "Musée des Beaux-Arts de Dijon : Donation Granville : catalogue des peintures, dessins, estampes et sculptures, tome 1 : oeuvres réalisées avant 1900", Ville de Dijon, 1976) Historique : Collection Carlos Savelli ; Collection Léon Suzor ; Collection Pierre et Kathleen Granville
Donation Pierre et Kathleen Granville, 1969 Inscriptions / marques :Bibliographie :Marque de collection en bas à gauche, marque de la collection Savelli (Lugt 637)
© photo François JayLemoine (Serge), Musée des Beaux-Arts de Dijon : Donation Granville : catalogue des peintures, dessins, estampes et sculptures, tome 1 : oeuvres réalisées avant 1900, Ville de Dijon, 1976, n° 116, reprod.
Georgel (Pierre), Le Musée des Beaux-Arts de Dijon, Dijon, 1985, n°172
Granville (Pierre), "Sublimation du fait divers dans la peinture de Géricault", Revue du Louvre, 4 -1987, reprod.